Présidentielle : "Le front républicain reproduit l'oligarchie" (Époux Pinçon-Charlot)

Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle plaçant Emmanuel Macron et Marine Le Pen en tête des scrutins, Jean-Luc Mélenchon en quatrième position derrière François Fillon, les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot, anciens directeurs de recherche au CNRS, se disent atterrés par ces résultats critiquant de manière virulente les finalistes qu'ils qualifient de "prédateurs". Ils espèrent le réveil de l'union des gauches pour les prochaines échéances.
Les époux Monique et Michel Pinçon-Charlot.

Acteurs de l'économie - La Tribune. Quel sentiment ressentez-vous, vous qui souteniez Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise, au lendemain du premier tour de la Présidentielle ?

Monique et Michel Pinçon-Charlot. Nous sommes dans un état de décomposition grave à la fois humaine et politique puisque la grande famille de la gauche est entièrement éliminée et décimée. D'autant plus qu'entendre dans les discours que ce choix électoral est celui du sang neuf est une erreur absolue. Marine Le Pen et le Front national font partie du paysage politique depuis les années 1970. Quant à Emmanuel Macron, il était il y a quelques mois encore le ministre de l'Économie de François Hollande, il a travaillé avec (Jacques) Attali et auparavant dans une grande banque. Ce n'est pas le changement, mais au contraire une forme de régression.

Jean-Luc Mélenchon n'a pas réussi à transformer la popularité de son mouvement gagné ces dernières semaines pour atteindre le second tour. Que lui a-t-il manqué ?

Son résultat est tout de même formidable et inattendu, mais il est vrai qu'il s'agit d'une victoire en demi-teinte pour nous. Nous avons participé à la construction du Front de gauche en 2008, avons soutenu la France insoumise, et si Jean-Luc Mélenchon avait réussi à convaincre les autres forces de la gauche de s'unir afin de former un grand mouvement, les résultats du premier tour auraient sans doute été différents. La dynamique de rassemblement a été rompue, mais aurait pu être rattrapable à un moment donné. Désormais, la gauche est plus que divisée conséquence de la responsabilité de tout le monde.

Rassembler les gauches en vue des législatives, est-ce encore envisageable ?

La France insoumise a rassemblé des populations qui n'étaient pas politisées, notamment auprès des jeunes. L'ouverture a été considérable et le sursaut réel. Jean-Luc Mélenchon doit ainsi capitaliser sur cette dynamique pour la suite lors des élections législatives et cela, dans l'union. Il faut savoir rassembler le plus possible ceux qui souhaitent contester le système capitaliste gangrenant notre société, mais savoir rassembler en éliminant la guerre des petites chefs.

Que pensez-vous du front républicain qui appelle à faire barrage au Front national pour le second tour, comme cela a été le cas en 2002 ? Certains le critiquent.

Nous n'y adhérons plus du tout d'autant plus que c'est François Mitterrand qui a ouvert les portes du pouvoir au Front national. Ne l'oublions pas. Nous avions voté pour Jacques Chirac en 2002 afin d'empêcher l'extrême droite d'accéder au pouvoir, mais ce dernier s'est assis très largement dessus. Le front républicain est construit pour que l'oligarchie se reproduise et pour que les prédateurs puissent continuer d'agir en toute impunité.

Des prédateurs dont vous faites la critique dans votre dernier ouvrage Les prédateurs au pouvoir, main basse sur notre avenir (éditions Textuel). Pour quelle raison employez-vous ce terme pour les qualifier ?

Marine Le Pen, Emmanuel Macron mais encore François Fillon ou Donald Trump pour aller plus loin, sont des prédateurs qui ne travaillent pas sur la morale ni l'éthique mais sont animés seulement par l'argent et le pouvoir qu'ils utilisent comme arme de destruction massive qui menace l'avenir de l'humanité. Emmanuel Macron est le représentant de l'oligarchie mondialisée qui va aggraver la violence entre les classes, détruire le droit du travail ; Marine Le Pen est une imposture qui représente la violence d'une idéologie noire et dangereuse. La situation est grave. Et le citoyen, au centre, est celui qui en subit les conséquences. Il est aujourd'hui malheureux.

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