Naguib Sawiris : "Je veux transformer Euronews en chaîne rentable"

Arrivé en juin 2015 au capital d'Euronews, l'homme d'affaires égyptien Naguib Sawiris donne sa vision sur la chaîne et parle de son avenir.
Naguib Sawiris.

Acteurs de l'économie-La Tribune. En juin 2015, vous deveniez actionnaire majoritaire d'Euronews. Pour quelles raisons avez-vous accepté d'investir cette chaîne ? La démarche interroge...

Naguib Sawiris. Je ne cherchais pas à investir dans Euronews. Ce sont eux qui sont venus me solliciter. La proposition m'intéressait à la seule condition que j'obtienne une participation majoritaire me permettant d'avoir un mot à dire sur l'aspect commercial et financier de l'entreprise afin que je puisse utiliser mes capacités entrepreneuriales pour développer la performance financière d'Euronews. Ce qu'ils me proposaient.

L'intérêt dans cet investissement, c'était le potentiel de la chaîne. Je dois dire que je ne regardais pas régulièrement Euronews dans le passé, aujourd'hui c'est l'inverse. Euronews est une chaîne d'information crédible, une marque forte, qui possède une audience élevée et une très bonne gestion, ce qui m'a d'ailleurs impressionné.

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Quel est votre projet avec cette chaîne d'information européenne ?

Transformer Euronews en une chaîne rentable d'ici quelques années. En créant de la valeur dans cet actif, comme je m'emploie à le faire, partout où j'investis.

Quelle mission avez-vous donnée à Michael Peters ?

Lorsque j'ai rencontré Michael Peters pour la première fois, il m'a expliqué sa vision de l'avenir d'Euronews. Dans un contexte concurrentiel, il a fait le choix d'un plan de développement qui m'a convaincu. C'est pourquoi j'ai investi dans le financement d'Euronews Next approuvé par le conseil de surveillance, soutenu à l'unanimité par tous les actionnaires, y compris moi-même, et par la Commission européenne.

La mission principale de Michael Peters est donc d'implémenter Next avec une nouvelle vision de l'information mondiale et locale et de proposer une nouvelle offre éditoriale qui révolutionnera la chaîne dès l'année prochaine.

A sa création en 1992, les fondateurs d'Euronews avaient cette volonté de faire de la chaîne une télévision d'information européenne. Est-ce toujours le cas aujourd'hui ? Et demain ?

Sa mission européenne représente clairement son argument de vente unique et un ADN auquel j'adhère entièrement. Euronews est le reflet de l'Europe, un continent riche par sa diversité, notamment culturelle et d'opinions. Grâce à son expertise développée depuis plus de 20 ans, je pense que la chaîne est une bonne réponse dans un monde de plus en plus difficile à comprendre. Euronews est donc plus que jamais un média européen, veut devenir le plus influent et une référence sur les affaires européennes.

Par vos différentes sociétés, vous êtes très présent en Afrique. Avec Euronews est-ce un moyen de peser en Europe et auprès de l'Union européenne ?

Ce n'est pas le cas. Je vois dans Euronews une bonne occasion de créer de la valeur, et ayant déjà des intérêts dans le secteur des médias, cet investissement était cohérent.

Le projet Next se déploie dans un contexte compliqué puisque des emplois vont être supprimés alors qu'il n'en était pas question il y a un an. Pourquoi cette décision ?

Nous sommes dans une industrie qui connaît l'une des révolutions les plus importantes de son histoire. Euronews, comme tous ses pairs, a besoin de se réinventer pour survivre. Dans ce contexte difficile, Michael Peters a fait un choix ambitieux et clair : développer la chaîne plutôt que faire un plan de restructuration. Une décision que je soutiens. Mais si nous voulons nous réinventer, nous devons faire des ajustements. Sauf pour l'équipe ukrainienne, nous ne parlons que de très peu de postes.

Ce plan est notre dernière chance d'essayer de répondre aux besoins du marché. Si cela ne fonctionne pas, nous devrons étudier un véritable plan de licenciement, comme le font pratiquement tous nos concurrents. Je suis un actionnaire cohérent et raisonnable, qui a accepté de prendre le risque de soutenir ce plan difficile qui m'a été proposé.

Lire aussi : Euronews, tout sur la stratégie de la dernière chance

Allez-vous investir davantage dans la chaîne au-delà des 35 millions d'euros injectés à votre arrivée ? Pourriez-vous prendre la totalité de son contrôle ?

Ce n'est pas mon intention pour le moment. Puis, il est trop tôt pour dire si j'investirai davantage. Je dois d'abord voir les résultats de l'investissement réalisé.

Pourquoi avoir choisi d'installer Africanews au Congo-Brazzaville, pays qui n'est pas réputé pour sa démocratie ? Est-ce parce que l'État congolais a investi 30 millions d'euros dans ce projet ?

Le lancement d'Africanews a été planifié et signé avant mon arrivée. Je n'ai donc rien choisi. Les gens critiquent, mais Africanews propose une véritable information indépendante sur l'Afrique, avec cette perspective panafricaine. La rédaction travaille de manière totalement indépendante, sans aucune ingérence de quiconque.

Souhaitez-vous transposer le modèle d'Africanews à la future chaîne tout en anglais d'Euronews, prévue dans le plan Next ?

L'année prochaine, Euronews disposera d'une offre complètement différente de celle d'aujourd'hui. Bien sûr l'expérience acquise avec Africanews, et dont les résultats sont bons moins de six mois après son lancement, peut être une source
d'inspiration.

M. Sawiris n'a pas répondu à nos questions portant sur NBC.

>> Portrait de Naguib Sawiris : le miracle égyptien ?

>> Le premier volet de notre dossier consacré à Euronews : Luxembourg, Îles Caïman, Jersey : Euronews aime les paradis fiscaux

>> Le second volet de notre dossier consacré à Euronews et à sa stratégie : Euronews, tout sur la stratégie de la dernière chance

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