Science et recherche : quelles évolutions ?

Ces dernières années, les technosciences ont pris le pas sur la recherche pure. Cette tendance de fond a été encouragée et appuyée par les pouvoirs publics, au nom de l'efficacité et de la baisse des finances publiques. Mais un retour de balancier n'est pas a exclure. Par Pascal Gustin, président d'Algoé
(Crédits : DR)

La dichotomie recherche fondamentale et recherche appliquée a vécu. Elle aura structuré, pendant plus de cinquante ans, l'organisation et le fonctionnement de la recherche publique et privée. La séparation par les finalités d'un côté l'élargissement des connaissances, de l'autre la réponse à un besoin existant ou révélé s'estompe. Cette frontière conceptuelle disparaît rapidement au fil des innovations et des avancées qui ne sont plus séquentielles. Il apparaît que la genèse des idées n'est pas linéaire, mais le résultat d'un enchevêtrement et d'une fertilisation croisée. Le pas a donc été rapidement franchi, conduisant à évaluer la qualité et l'intérêt de la recherche à l'aune de son impact sociétal ou de sa valorisation économique. Les technosciences ont pris le pas sur la recherche pure.

Cette tendance de fond a été encouragée et appuyée par les pouvoirs publics, au nom de l'efficacité et de la baisse des finances publiques.

Bien des oppositions se sont levées dans la communauté scientifique et le débat qui continue de faire rage a pris une dimension très politique. N'a-t-on pas été trop loin dans cette mise en compétition de la recherche à un échelon mondial ? Certes, la recherche a besoin de justifier de son utilité au regard de la société, mais doit-on de ce fait contraindre les scientifiques, pour obtenir des subsides, à justifier de l'utilité et des retombées de leur recherche ? Comment, par ailleurs, évaluer l'impact scientifique sur des horizons court-termistes, alors que foisonnent les exemples démontrant le contraire.

Qu'en sera-t-il dans le futur ?

Une grande évolution sera certainement le décloisonnement des sciences entre elles, cette fameuse transdisciplinarité, devenue une voie majeure dans le développement des sciences. Il ne s'agira pas de réduire la complexité, mais de mieux savoir l'accepter et la travailler. Les bases de l'évaluation seront amenées, elles aussi, à fortement évoluer. Car on s'aperçoit que la mesure réelle des impacts des avancées en recherche fondamentale est impossible à prévoir à courte vue.

Mais on peut surtout prédire le retour en force de la recherche fondamentale. L'amorce donc d'un mouvement inverse à la tendance actuelle, basée sur les fondements de la créativité : « sortir du cadre ». La diffusion mondiale des technosciences et leur mise en compétition s'avèrent peu productives. La recherche de finalités, de réponses à des besoins ou des attentes peut constituer un stimulus, mais aussi une limite forte à l'idéation. Car la découverte de l'inconnu passe avant tout par de l'intuition de l'opportunité, du hasard. D'où le retour à la recherche pure, en reconnaissant et valorisant ces scientifiques qui avancent en vrais explorateurs. La quête de la connaissance ne doit pas avoir de finalité, elle a surtout besoin d'inutile.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.