Santé : du débat à la surenchère

Les discours promouvant la prise en charge totale par le régime obligatoire en substitution des assureurs complémentaires, relèvent plus du boniment que d'une réflexion empreinte de réalisme économique, estime Éric Gérard, directeur des assurances de personnes chez Agrica.
(Crédits : DR)

Préoccupation majeure de nos concitoyens, la protection sociale s'était largement invitée dans les débats qui ont animé l'élection présidentielle. Quand les approches et convictions divergent sur les sujets de fond tels que l'avenir des retraites ou la progression de la dépendance, la plupart des candidats se rejoignent pour brandir le Graal des ménages français, à savoir le reste à charge des dépenses de santé ramené à zéro. Si l'effet d'annonce d'une couverture totale des prestations, notamment dentaires et optiques, est indiscutablement percutant, la méthode de réalisation envisagée, tout autant que la pertinence de l'objectif restent sujets à caution.

Si la fréquence des actes prothétiques, optiques ou encore liés à l'audioprothèse reste faible, le montant des factures afférentes subsiste conséquent. Pour autant, les 10,8 milliards d'euros de prestations correspondants ne représentent que 4 % des 262 milliards d'euros de dépenses de santé constatés en France en 2015. Et si le principe de cette prise ne charge intégrale est retenu, on peut s'interroger sur son financement, d'autant que les réformes successives de notre Sécurité sociale ont plutôt résulté dans des désengagements successifs destinés à résorber une dette sociale de 120 milliards d'euros et un déficit qui, fin 2016, s'établit encore à quatre milliards d'euros.

Évolutions

Dans ce contexte, les discours promouvant la prise en charge totale de ces frais par le régime obligatoire en substitution des assureurs complémentaires, dont certains prédisent la disparition, relèvent plus du boniment que d'une réflexion empreinte de réalisme économique.

Ainsi, la Sécurité sociale garde un rôle prépondérant au regard de la prise en charge de 78 % des dépenses de santé de notre pays, portées principalement par l'hospitalisation et les affections de longue durée, mais elle n'assume d'ores et déjà plus que 50 % des coûts de la médecine de ville et 4 % des frais d'optique. Le solde constitue tant le cœur d'activité que la raison d'être des organismes complémentaires, dont les 42 milliards d'euros de prestations annuelles se concentrent sur les dépassements d'honoraires, les auxiliaires médicaux, le dentaire, l'optique ou encore l'audioprothèse.

Un rôle aujourd'hui doublé d'une responsabilité sociale assumée qui se traduit par une implication significative et croissante dans la prévention, l'accompagnement, les réseaux de soins et les services. En témoignent les investissements dans les insur'tech - startups dédiées à l'assurance - qui par recours aux nouvelles technologies et au digital, contribuent autant à faciliter l'accès aux soins qu'à limiter la charge des traitements curatifs.

La santé participe sans conteste à la qualité de vie de notre société mais appelle des évolutions qui conjuguent aussi bien la maîtrise des dépenses et le besoin de prise en charge que la désertification médicale et l'accès aux soins.

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