ERAI : le tonneau des Danaïdes.

Le naufrage d'ERAI (Entreprise Rhône-Alpes International) aura marqué la dernière mandature régionale. Par André Plazy de l'Association CANOL.

Créée en 1987, l'association E.R.A.I. devait être le bras armé de la Région pour le développement économique des entreprises rhônalpines à l'international et pour attirer les entreprises étrangères en Rhône-Alpes. Elle recevait chaque année 5 à 7 millions d'euros de la région Rhône-Alpes, ce qui constituait plus de 60% de ses ressources.

Fin 2014, ERAI avait un effectif de 214 personnes, dont 162 à l'étranger, et 27 filiales et représentations dans 21 pays.  Son expansion non contrôlée dès 2009 et la gestion du pavillon de la Région à l'Exposition universelle de Shanghai en 2010 sont à l'origine de ses déboires. Ce projet a coûté 18 978 000 euros et sa fréquentation aurait été très inférieure à celle espérée (le restaurant Bocuse mis à part !).

Un audit aux conclusions claires

Suite au versement en urgence par la Région d'une avance remboursable de 2 M€ mi-décembre 2011, le Conseil Régional a enfin commandé en avril 2012 un audit de sa situation financière à la société SCOREX. Les conclusions de cette dernière ont été extrêmement claires :

  • « ERAI est en état de cessation de paiements fin 2011, »
  • « elle n'a pas de fonds propres et utilise le découvert bancaire pour financer ses pertes 2010 et 2011, ce qui n'est pas viable à court terme.''
  • « Le niveau des frais fixes liés au siège, aujourd'hui, et sur le plan 2012-14, est supérieur au montant de la subvention de 7 M€ de la Région''.
  • « La construction du business plan repose sur l'augmentation des recettes commerciales des filiales pour couvrir le niveau de frais fixes de ces filiales. Ce modèle nous semble très risqué au sein d'une structure associative...''

Mais le rapport SCOREX n'a pas été diffusé. Il n'a été divulgué qu'en 2015 ! Le 6 mars 2015, les conseillers régionaux décident enfin d'arrêter cette gabegie et refusent d'accorder une nouvelle subvention de 4,7 M€ à ERAI, alors que l'état du passif des 17 filiales s'élève à 9,2 M€. Le 14 avril 2015 : le tribunal constate la cessation des paiements suivi d'un redressement judiciaire. Le 30 juin 2015, le Tribunal de Grande Instance de Lyon prononce la liquidation d'ERAI.

Quelles sont les causes du naufrage de l'E.R.A.I. selon CANOL ?

  • frénésie de création de nouvelles implantations entre 2009 et 2014 : on passe de 6 à 27 établissements, dont celui très coûteux de Shanghai.
  • la mauvaise gestion de sa Présidence et de sa direction qui ont eu des ambitions démesurées.
  • le laxisme de la Région (faiblesse récurrente relevée pour d'autres associations) qui n'a pas fait de contrôle et laisse aller les choses jusqu'au point de non-retour (cf CFA des Mouliniers, ARALD, Nouvelles Subsistances,...)
  • les intérêts liés entre la direction d'E.R.A.I. et certains conseillers régionaux qui ont laissé dériver la situation.

Coût pour le contribuable rhônalpin sur sept ans : plus de 50 M€. Pour quel résultat ? Le seul résultat tangible est la détérioration de l'image de la région Rhône-Alpes et de ses entreprises à l'international !

Lire aussi : Erai, l'autopsie d'un scandale

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Commentaire 1
à écrit le 25/11/2015 à 18:08
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Si les structures publiques d'aide à l'export (ERAI et celles d'autres collectivités publiques) avaient, sur la durée dont elles ont disposée, prouvé leur utilité, notre balance commerciale et des services se serait sensiblement améliorée. Or, il n'e...

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