Dénouer le corset des entreprises

Économie en berne, gigantisme de la dette publique, explosion du chômage, faiblesse des investissements... Les solutions proposées par le gouvernement et les organisations syndicales semblent sans effet sur l'environnement des entreprises. Parrainé par la société d'avocats Lexicube, le débat organisé le mardi 7 octobre par Acteurs de l'Économie-La Tribune visait à identifier les freins qui ralentissent, voire bloquent, la compétitivité de nos entreprises.
La conférence "Entreprise, croissance, compétitivité : comment faire sauter les verrous ?" se tenait le 7 octobre 2014.

Corsetées, les entreprises françaises peinent aujourd'hui à trouver de l'oxygène. Tel est le constat établi à regret lors du débat organisé le 7 octobre 2014 par Acteurs de l'économie et parrainé par la société d'avocats Lexicube, spécialisée en droit social, droit des sociétés, droit fiscal et droit commercial.

Le corset réel

Pour Denis Payre, entrepreneur et fondateur du mouvement « Nous citoyens », « ce corset est une réalité ». Et les prélèvements obligatoires en sont le premier lacet. « À cause de ces prélèvements, les entreprises françaises sont aujourd'hui les moins rentables à l'échelle mondiale ». Jean Kaspar, ancien Secrétaire général de la CFDT et actuel consultant en stratégies sociales, appelle lui à « définir de nouvelles stratégies de gouvernance ».

Jean Kaspar Lexicube

Jean Kaspar, ancien Secrétaire général de la CFDT

Et Benoît Soury, directeur général des magasins La Vie claire, d'abonder : « Il faut engager une révolution dans la façon de diriger notre pays. » Le vice-président du Medef Lyon-Rhône regrette en effet le manque d'expérience entrepreneuriale et la faible culture économique de nos dirigeants politiques. « On constate un fossé entre la gestion de l'État et la gestion de nos entreprises. » Denis Payre déplore quant à lui l'hyperprofessionnalisation de nos responsables politiques, parmi lesquels les profils de fonctionnaires dominent, dérive manifeste de la démocratie et déficit criant de représentativité.

Redéfinir le dialogue social

Après quelques applaudissements sonores, Jean Kaspar prêche, lui, pour une réforme des organisations syndicales et à une meilleure prise en compte du monde associatif. Pour lui, il est aujourd'hui impératif de développer « des stratégies de coopération entre les acteurs économiques, syndicaux et associatifs. Il faut mettre de côté les clivages partisans. » Benoît Soury souscrit à cette nécessaire redéfinition du dialogue social. Encore faudrait-il, selon lui, ne pas l'entraver par la réglementation croissante qui s'impose aux chefs d'entreprise et qui « nous pousse à des stratégies de contournement. »

Benoît Soury, directeur général des magasins la Vie Claire

Et Denis Payre de le rejoindre : « La France est le pays d'Europe le plus coûteux en termes de contraintes réglementaires et de procédures. » Dès lors, préconise-t-il, il faut instaurer un dialogue social coopératif et s'assujettir des règlements toujours plus contraignants. En échange, les syndicats verraient leur participation plus systématique au sein des conseils d'administration des entreprises. Ce qui permettrait d'aboutir, selon Jean Kaspar, à l'instauration d'un « dialogue stratégique économique et social » constructif.

Épineux contrats de travail

Cette redéfinition du dialogue social ne peut se départir d'une réflexion sur le code du travail, et notamment sur les contrats de travail. Pour Benoît Soury, le CDD est par exemple inopérant si l'on cherche à recruter un collaborateur. Cette durée déterminée nuit à l'engagement du salarié. Pire, « c'est la meilleure façon de faire échouer un recrutement ». Pour lui, le CDD devrait être l'exception. Encore faut-il bénéficier de suffisamment de visibilité et de stabilité environnementale. Le CDI, par ailleurs, ne constitue pas la panacée. « Combien de CDI sont aujourd'hui signés la main tremblante, étant donné que la relation salarié/entreprise évolue dans le temps ? », demande Denis Payre.

Denis Payre Lexicube

Denis Payre, entrepreneur et fondateur de "Nous citoyens"

Le fondateur du mouvement « Nous citoyens » en appelle aujourd'hui à une triple réforme : d'une part, la reconnaissance du licenciement sans motif, d'autre part, l'augmentation des indemnités de licenciement, enfin, l'indemnisation chômage des salariés démissionnaires. Dubitatif, Jean Kaspar refuse de considérer la déréglementation comme la solution idéale. « Si la réforme est nécessaire, il faut en mesurer les enjeux économiques et sociaux. Afin d'engager un dialogue constructif, il faut définir de nouveaux modes de représentation des salariés au sein des entreprises, notamment ceux qui ne sont pas syndiqués. » À cette condition, les entreprises assureront leur pérennité, leur compétitivité et leur développement.

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