Finkielkraut : « Ouvrons le 21e siècle avec intelligence »

Identités individuelles et commune, identités nationales et planétaire, identités judéo-chrétienne et musulmane, sont-elles solubles ? Le philosophe Alain Finkielkraut, désormais Académicien, établit « ses » conditions d'une coexistence et d'une citoyenneté qu'il ancre en premier lieu sur la sanctuarisation de l'identité de la nation. L'auteur de « L'identité malheureuse (Stock) » appelle à juguler la « décivilisation », à lutter contre l'ultratechnologisation, à « tenir bon » face aux antagonismes de l'Islam. Plaidoyer contestable mais exigeant.
© Hamilton/Acteurs de l'économie

Acteurs de l'économie : Les Français et la France sont en crise d'identité. De quoi les premiers individuellement et la seconde collectivement souffrent-ils ? Cette crise identitaire a-t-elle pour humus une crise politique et de l'Etat, une crise de légitimité et d'exemplarité des élites, une crise de valeurs ?

Alain Finkielkraut : On fustige très fréquemment, et de manière quasi automatique, les élites. Certes, celles-ci, notamment « politiques », n'honorent pas toujours leurs responsabilités. Et cette insuffisance - voire ce manquement - sécrète une frustration, d'autant plus profonde que leur marge de manœuvre est compressée par la réalité politique et économique d'une mondialisation et de prérogatives de l'Union européenne sans cesse plus dominatrices. Toutefois, n'a-t-on pas tendance à faire injustement de ces élites des boucs-émissaires ?

Bien davantage que ces cénacles, ce que j'incrimine en premier lieu est l'esprit de dérision qui sévit depuis quelques années en France. De même que l'omniprésence de la musique dans tous les lieux et à tous moments de l'existence détruit ladite musique, celle des humoristes anéantit l'humour et salit la réalité : quels qu'ils soient, les responsables politiques ont bien davantage le souci de la vie commune que les Guignols de l'Info.

L'origine profonde du malaise identitaire français tient à la transformation, spectaculaire, de sa population et à l'impuissance à y faire face. L'immigration d'aujourd'hui n'est pas celle d'hier. Nombre (d'enfants) d'immigrés entretiennent un rapport conflictuel avec leur pays d'adoption, ils éprouvent le sentiment d'avoir des comptes à régler avec une France qui elle-même « ne sait plus comment » ou « ne veut plus » les assimiler. Une situation de plus en plus explosive.

Autrefois, comme pour vous, fils de Polonais, « l'origine était hors sujet ». Pour les enfants d'immigrés issus d'Afrique du Nord, c'est-à-dire de pays colonisés par la France et dominés par la religion musulmane, la reconnaissance et la culture de cette origine sont davantage prégnantes. Est-ce pour autant un obstacle à l'innervation de leur identité dans celle de la France ?

Non. Et en théorie cela ne devrait constituer aucun écueil. La France a été un empire, qui n'est plus. Les pays anciennement colonisés ont acquis, parfois même conquis de haute lutte, leur indépendance. Cette mutation a été escortée d'une critique très véhémente à l'encontre du comportement de la France antérieurement à cette émancipation, à cette libération, et les actes de repentance se sont, depuis, succédé.

Aujourd'hui encore, chaque responsable politique français qui se rend en Algérie est amené à « s'excuser ». Mais l'Algérie est devenue indépendante, les enfants d'Algériens qui continuent de vilipender la France - avec peut-être de bonnes raisons - ont la possibilité de participer à  l'édification d'un pays désormais libre et plein de ressources ou de potentialités.

Or, paradoxalement, une majorité de jeunes Algériens continue de rêver de la France, cherche coûte que coûte à obtenir un visa, mais une fois accueilli de l'autre côté de la Méditerranée conserve la double nationalité voire refuse de se faire naturaliser, et se drape de l'étendard algérien lors des matchs de football opposant les deux pays. Quelles violences ne redoute-t-on pas d'ailleurs si à l'occasion de la prochaine Coupe du monde au Brésil une telle confrontation est programmée ! C'est cette ambivalence, même cette inconséquence que je déplore. On ne peut pas simultanément blâmer un pays et tout faire pour le rejoindre et y demeurer. Si la France est haïssable, si, comme le répète le président Abdelaziz Bouteflika, elle s'est rendue coupable de génocide, alors elle ne mérite ni d'être aimée… ni d'être habitée. On ne peut pas apprécier un pays pour les avantages sociaux qu'il assure et le vomir pour l'identité qu'il représente. Il s'agit là d'une position duplice intenable, qui ne devrait susciter en France aucune indulgence et a fortiori aucune contrition.

La crise de valeurs, ou plus exactement la mutation des valeurs, modifie voire corrompt l'exercice du vivre-ensemble. Celui-ci n'est-il pas en premier lieu victime d'un système économique fondé sur une marchandisation illimitée, un matérialisme incontrôlé, un consumérisme aliénant et inégalitaire, et une culture égocentrée qui fracture les solidarités ?

L'une des leçons du XXe siècle est qu'à vouloir la démocratie sans l'économie de marché on obtient le totalitarisme. Il existe une « vérité » et une « grandeur » du libéralisme. Il a été l'ennemi du fascisme et du communisme, il honore l'initiative privée et la capacité d'entreprendre. Certes, il n'est pas exempt de défaillances et d'excès, mais toute idéologie visant à s'en passer pour administrer et planifier connait la stagnation économique et la tyrannie politique. Dépassons l'hubris et sachons reconnaître les vertus, même imparfaites, du libéralisme.

Leszek Kolakowski (1927 - 2009), l'un des penseurs de la dissidence d'Europe centrale, prononçait en 1978 une identité politique que je fais mienne être conservateur-libéral-socialiste. Trois mots pour désigner autant de caractéristiques aux contenus indispensables, même incontournables, et qu'il est absurde de vouloir dresser frontalement les unes contre les autres.

Non seulement elles sont compatibles, mais elles se nourrissent mutuellement. Le conservatisme signifie conserver certains rites et traditions, et s'impose d'autant plus qu'il appelle à protéger une terre dont nous épuisons les ressources ; le libéralisme promeut l'initiative privée et la capacité d'entreprendre, d'oser, de créer, de « faire ». Quant à la redistribution, elle est nécessaire pour assurer une justice et solidifier la société. Quitter le XXe siècle et ouvrir le XXIe siècle « avec intelligence », c'est prendre acte des particularismes heureux de ce trident et y puiser ce qu'il contient de meilleur pour l'humanité des individus et celle de la collectivité.Comment sinon pourrons-nous faire face aux dégâts de cette consommation incontrôlée qui tend à devenir le visage de l'être, de ces nouvelles technologies qui mettent tout et instantanément à disposition, de cet environnement qui donne l'illusion que nous pouvons « cultiver notre culture » en nous affranchissant de l'essentiel : le détour, l'ascèse, l'effort, le recul, la distance pour savoir et comprendre ?

Alain Finkielkraut lampe

Réseaux sociaux et internet sont synonymes de démultiplication des possibilités, de mondialisation des contacts, mais aussi de virtualité, d'instantanéité, et d'impersonnalité des échanges. Font-ils craindre un vivre-ensemble ultra-technologique et déshumanisé ?

Ce contexte forme bel et bien une dictature, ou plus exactement une servitude consentie. L'individu se réjouit de posséder ce qui en réalité, malgré lui et sans qu'il en soit vraiment conscient, l'asservit. Mais faut-il ramener cette préoccupation aux enjeux du vivre-ensemble ? Je ne suis pas certain. L'écrivain Renaud Camus estime que la civilisation a été créée pour permettre la solitude. L'une des grandeurs du libéralisme est d'ailleurs d'inclure parmi ses propriétés celle de l'indépendance individuelle et donc celle de se mettre à l'écart de ce qui provoque en soi toutes formes d'inquiétudes. Or, les nouvelles technologies, parce qu'elles connectent les individus en permanence et sans répit, en constituent une.

Plusieurs passages de votre ouvrage distinguent la lecture d'un livre de celle, désormais hégémonique, des écrans. A la première qui fait vivre dans le temps long et imaginaire d'un mouvement oscillant du passé vers l'avenir s'est substituée celle l'immédiateté, de l'immatérialité, de la dispersion et de l'hyperréactivité. Ce phénomène, que traduit-il de l'état de santé actuel et futur de la société ?

La lecture est une activité solitaire proprement asociale, qui réclame isolement et silence. Or aujourd'hui, lorsque enfants et adolescents ferment la porte de leur chambre, ce n'est pas pour lire tranquillement, c'est pour allumer l'écran d'ordinateur et se mettre immédiatement et coûte que coûte « en contact ». Le livre est un objet, l'écran déroule des flux. Lire un livre, c'est suivre un chemin, lire sur un écran est un sport de glisse. Ouvrir un livre, c'est couper le contact avec ses contemporains ; allumer un ordinateur, c'est entrer en contact avec eux. Tout cela prépare une dangereuse et angoissante inséparation.

Les nouvelles technologies portent à son apogée la communication entre les hommes et, en théorie, la connaissance du monde. En réalité, lire de leur vivant Doïstoveski, Hugo, Zola, Zweig, Kafka ou Camus mettait hier davantage en connexion avec les enjeux contemporains qu'aujourd'hui ces nouvelles technologies….

La connexion des nouvelles technologies signifie en premier lieu le rapport à ses contemporains. C'est un univers communicationnel où le présent est hégémonique et où l'échange est perpétuel. La lecture instaure une tout autre relation : celle de la rupture d'avec le présent grâce à laquelle on s'échappe du réel.

« Pour la première fois dans l'histoire, les trois conditions de l'entretien avec les morts - le silence, la solitude, la lenteur - sont attaqués en même temps », observez-vous. Jamais, rappelle Gilles Deleuze, le présent n'a été aussi irrésistible que depuis la révolution numérique. Quelle société la dictature de « l'éthnocentrisme du présent », nourrie au biberon de l'exhibitionnisme et du narcissisme, de la vanité et de l'instantanéité totalitaires, prépare-t-elle ?

Auguste Comte considérait que la société est composée de davantage de morts que de vivants. Et le risque, désormais, de ne plus faire société avec les morts existe. Peut-être un jour jugera-t-on que seuls les vivants sont vivants et qu'il n'est guère utile de s'encombrer des morts. Cela scellera alors le sort d'une civilisation européenne qui plaçait la culture au sommet de ses valeurs, et annoncera l'entrée dans un nouveau monde.
Quel constat peut-on dresser ? La tablette a été le cadeau de Noël le plus acheté, tout le monde s'en est félicité, et les reportages mettant en lumière tous ces seniors convertis aux nouvelles technologies ont fait florès. Bref, ceux qui donnent l'alerte sont de plus en plus minoritaires.

Pire : ces « survivants d'une époque révolue » sont jugés passéistes et réactionnaires, sont raillés ou même stigmatisés. L'irruption du numérique à l'école est une « merveilleuse conquête » ? Mais elle ne fera qu'aggraver la situation, puisque les instruments seront bien mieux employés par les élèves que par les professeurs. Ainsi assistera-t-on au renversement du rapport maître-élève et à l'extinction de l'essence même de l'éducation, ainsi décrite par Hannah Arendt : introduire les enfants dans un monde plus vieux qu'eux. Or aujourd'hui, ainsi équipé des nouvelles technologies, on veut montrer que ce monde est en perpétuel rajeunissement. Dès lors, comment la mémoire et les morts pourraient-ils continuer d'exister ?

Il n'y a pas d'avenir sans considération du passé, sans respect de ce qui fait héritage, racine, transmission, filialité, et donc lien. « L'homme n'est pas maître du sens, le sens passe à travers lui, détaillez-vous dans votre essai. Il est issu d'une source qui le précède et le transcende, il vient après, il suit, donc il pense, il naît avec une dette qu'il est tenu d'honorer (…). Nous ne produisons du neuf qu'à partir de ce que nous avons reçu, excommunier le passé ce n'est pas s'ouvrir à la dimension de l'avenir. » Le vivre-ensemble souffre-t-il d'une désindexation au passé, voire d'une négligence ou d'un mépris de la mémoire, assimilés avec l'avènement de la dictature du présentisme, à un « boulet » et dont il faudrait se délester pour façonner un avenir ?

Nous vivons l'époque du devoir de mémoire. Mais à ce devoir de mémoire on n'associe que le crime. D'abord le « crime des crimes » : l'extermination des juifs et des tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale, puis chacun de ceux perpétrés en dépit du grand serment post-hitlérien, « plus jamais ça ». Bien sûr, y compris pour des raisons familiales, je partage sans réserve la stupeur douloureuse de mon époque devant ce que fut l'horreur nazie.

Toutefois, je regrette qu'il n'y ait de mémoire que de crimes. C'est presque un cadeau que l'on fait à Hitler. Pourquoi l'Europe est-elle à ce point obsédée par lui ? Pourquoi doit-il presque seul, accompagné de quelques autres bourreaux qui ont pour nom Staline ou Pol Pot, occuper l'immortalité du devoir de mémoire ? La civilisation européenne n'a pas trouvé avec Hitler, attaché à détruire ladite civilisation, son point d'aboutissement, et donc la mémoire du crime se conjugue aujourd'hui avec l'oubli de tout le reste. C'est un grand malheur, c'est même un scandale. Il devrait y avoir place aussi pour la gloire.

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Comment travaille-t-on à équilibrer ce qui fait identité commune et identités individuelles ? En d'autres termes, comment à la fois consolide-t-on le devoir d'appartenance collective et assure-t-on la liberté indispensable à la construction des identités personnelles ? L'épanouissement des droits de l'homme fait-il obstacle à l'identité commune ?

Qu'est-ce que l'identité collective ? C'est la part de nous qui n'est pas nous. Le mot « identité » est trompeur. Ce qui « fait » que je suis français, c'est la langue que je parle, c'est le pays que j'habite, c'est la culture dans laquelle j'ai été élevé. De cela, je ne suis pas l'auteur, et je dois humblement le reconnaître. Régis Debray écrit que la particularité nationale fait partie des infortunes providentielles qui empêchent les êtres humains de se prendre pour des dieux. Dieu est cause de soi, nous ne disposons pas de la possibilité de nous inventer nous-mêmes. Notre fondement n'est pas en nous, et cela il importe de savoir le reconnaître, comme une dette dont il faut s'acquitter. Quant à l'identité personnelle, c'est la trajectoire que l'on emprunte au sein d'un monde particulier pour y bâtir l'individu que l'on est. A condition de respecter certains fondamentaux, il n'existe pas de contradiction entre ces deux familles d'identité.

Quelles sont, selon vous, les mesures politiques, économiques, sociales qui contribuent à infecter le sentiment d'appartenance à la nation et anémient la notion de citoyenneté ? En premier lieu, ne sont-ce pas l'écroulement du service public, la détérioration du pouvoir de l'Etat, et l'invisibilité croissante des centres décisionnels dorénavant disséminés ?

Absolument. Ce sentiment d'appartenance est nettement moins prégnant aujourd'hui qu'il ne l'a été. Les explications sont de plusieurs ordres. D'abord - et il faut s'en féliciter - parce que l'Europe vit une époque de paix. Or, ce que ce contexte provoque, c'est la prévalence des problématiques économiques et sociales. L'État-providence ne suscite pas de réflexe patriotique, personne ne « vibre » pour la Sécurité sociale, la carte vitale n'égale pas le symbole du drapeau. Faut-il le déplorer ? Pas nécessairement. En revanche, je regrette les effets collatéraux de l'ultratechnologie ; en effet, elle déracine, elle dépossède du sentiment de nationalité, elle forme une sorte de plain- pied planétaire par la faute de laquelle on croit les frontières traditionnelles effacées.

Ne peut-on pas être citoyen du monde ? Serait-ce incompatible avec le sentiment d'appartenance nationale ?

On n'est pas citoyen du monde. On est forcément, en premier lieu, citoyen d'une communauté particulière. La nation, c'est l'espace où ce qui implique, mobilise, éreinte, enthousiasme l'autre, vous implique, vous mobilise, vous éreinte, vous enthousiasme tout autant. Quand la Bretagne est sous les eaux, c'est toute la France qui est en deuil ; lorsque les mêmes images qui nous parviennent frappent la Grande-Bretagne, ce que l'on éprouve est différent.

Et ce que l'Europe politique, culturelle, « identitaire » est devenue, nourrit-il ou au contraire affame-t-il une citoyenneté européenne ? Si la France et les Français sont en crise d'identité, ne faut-il pas espérer l'émergence d'une identité européenne, y compris pour espérer éteindre la capacité de l'individu même le plus éclairé à produire la barbarie la plus épouvantable ?

L'échelle de mesure prend pour unité la nation. Si l'on n'est pas citoyen de sa nation, c'est-à-dire si l'on ne se sent pas concerné par ce qui « fait » sa nation au prétexte qu'on préfère s'intéresser au monde - souvent par l'entremise de quelques (im)pulsions humanitaires -, alors on est citoyen de rien et touriste de tout. La désaffiliation s'accompagne d'une déresponsabilisation, et l'Europe est en tant même que civilisation une pluralité de nations. Alors certes l'Union européenne s'est dotée d'un Parlement pour faire pièce aux décisions de la Commission et espérer entretenir un goût de citoyenneté. Mais la réalité est toute autre. Les électeurs européens se sentent guère concernés - le scrutin de mai prochain une nouvelle fois le démontrera -, le sentiment de représentation européenne leur est étranger, et donc ils peuvent difficilement cultiver une quelconque citoyenneté européenne.

Faut-il espérer son éclosion ?

Mais pourquoi donc ? Pourquoi faudrait-il le souhaiter ? Etre citoyen d'un territoire de 500 millions d'habitants, c'est accepter que sa citoyenneté est creuse, presque vide. Réduite à la taille de ce que l'on y représente : un grain de sable. Une nation, c'est déjà si grand…

Autrefois, on était citoyen d'une cité, puis cette cité a été transposée dans la nation au prix d'une désaffection grandissante pour la communauté politique. Si cette dernière est élargie aux dimensions d'un continent en se substituant, même de manière déguisée, à la souveraineté des communautés politiques nationales, alors ce désamour ne fera que prospérer.

Soyons à la fois citoyens de notre nation et nourris d'une forte conscience européenne. Ainsi, nous pourrons former avec l'Europe une famille de nations. Mais de grâce, ne sautons pas impunément par-dessus l'échelon national.

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Le débat sur la laïcité vaut à la France d'être blâmée dans les pays anglo-saxons ou scandinaves pour sa législation sur le port du voile jugée liberticide. L'expression, même visible, d'une religion participe à la construction de l'identité, et le respect de cette expression est indissociable du respect de cette identité. L'identité musulmane est-elle, selon vous, une incompatibilité ou une opportunité pour l'identité de la nation française et pour la démocratie française ?

Rien n'indique qu'elle est une incompatibilité. Mais rien ne permet non plus de penser qu'elle est une opportunité. Comment d'ailleurs pourrait-elle l'être, puisque la France et l'Europe se sont définies d'abord contre l'islam puis sans l'islam. L'islam apportera-t-il une contribution positive à la France et à l'Europe ? Il est trop tôt pour juger. Cela réclamera de sa part un certain nombre de fortes transformations intérieures. Pour l'heure, il s'agit d'afficher avec clarté les règles et de s'assurer avec vigilance de leur stricte application. La République n'a pas à s'adapter aux exigences de l'islam ; il revient à l'islam de s'adapter et même de se soumettre aux lois de la République.

Doit-on transiger sur ce qui constitue l'ADN de la nation, le cœur de ses traditions, le terreau de son humanité, et par exemple la mixité des femmes et des hommes ? Est-ce là une demande exorbitante ? Cela n'est nullement faire insulte à l'islam et simplement constitue une évidence, surtout à l'aune des persécutions dont nombre de pays musulmans se rendent coupables à l'égard des communautés chrétiennes. Il est aisé d'être musulman dans un pays occidental - depuis 1985, le nombre de constructions de lieux de culte musulmans a dépassé celui des églises -, il est en revanche devenu presque impossible de ne pas être musulman dans un pays musulman.

Une identité est un corps vivant, elle grandit à partir de tout ce qu'elle observe, prospecte et recueille autour d'elle. Elle se construit de la rencontre, même conflictuelle, avec d'autres identités - c'est-à-dire d'autres cultures, origines, histoires, ou religions. Et le principe vaut pour l'identité collective, qui se compose de l'autre, de tous les autres qui veulent l'embellir de leurs singularités. Une nation heureuse ne peut-elle pas résulter d'une bigarrure identitaire ? Quel cadre politique ou démocratique faut-il alors édifier ?

La clé se trouve dans la capacité à se saisir de son propre héritage. L'héritage ce n'est pas l'hérédité. Sa transmission ne s'effectue pas « naturellement » d'une génération à l'autre, mais résulte d'efforts fournis par ceux qui éduquent - parents, professeurs - et par ceux qui reçoivent. Le diagnostic que l'on peut faire de la société pose inévitablement la question : savons-nous encore hériter ? Disposons-nous de suffisamment d'humanité pour regarder devant nous - et ainsi construire la nation - et d'humilité pour regarder derrière nous - et honorer l'essentiel travail de mémoire ?

Quant à l'altérité, bien sûr elle est enrichissante, mais seulement lorsqu'on la reconnaît pour telle. Aujourd'hui, d'aucuns cherchent à redéfinir l'identité européenne et à reconsidérer l'identité nationale en fonction de ladite altérité, et par exemple du nouveau peuplement de l'Europe. Cette option est dangereuse…

Mais a-t-on le choix ? Au nom de considérations autant pragmatiques qu'humaines, ne faut-il pas prendre acte de cette réalité et construire avec elle plutôt que contre elle ? L'éclatement protéiforme de la société (mobilités géographiques ou professionnelles, structures familiales) et la multiplicité des origines hypothèquent, selon vous, la cohésion sociale et identitaire de la société française. Il doit pourtant être possible d'aspirer à faire communauté sans entretenir de communautarisme - synonyme de silos et auquel le modèle français a préféré l'intégration…

D'abord, je me demande comment l'altérité pourrait subsister sans frontières. D'autre part, nous devrions être en mesure de décider nous-mêmes de notre politique migratoire. Une politique choisie et non imposée, adaptée à nos spécificités et à nos besoins - culturels, économiques, sociaux -, et qui réinvestit le principe de l'assimilation. En effet, nous devons condamner définitivement ce paradigme dominant de la société inclusive auquel semblent attachés un certain nombre d'experts, d'intellectuels et de décideurs. Une société inclusive sera en fait une société fragmentée, communautariste, et de plus en plus violente

La condition de la femme est au cœur de la problématique de société. Ce que les femmes sont devenues, ce à quoi elles aspirent légitimement à devenir, ce avec quoi elles doivent composer - quotas, législation sur la parité - pour asseoir leur reconnaissance, ce qu'elles doivent subir - notamment dans les banlieues, dans certaines écoles, ou dans certaines entreprises où prospère le déni de la sensibilité, de la douceur, de la bienveillance - enfin ce que la bonne santé de la société espère d'elles, vous rendent-ils optimiste ?

Le principe de parité ne me rend guère serein, surtout lorsque je le mesure aux critiques voire au rejet dont nombre de femmes issues du féminisme le frappent. Elles aspirent, avec raison, à ce que chaque individu soit choisi exclusivement en fonction de son itinéraire, de sa personnalité, de sa compétence, et pas selon son sexe ou son origine. Et sur le terrain politique la parité a produit des résultats au pire désastreux, au mieux ridicules. Certaines désignations relèvent davantage de castings que de critères fondés. Qui peut raisonnablement penser que les ministres Rama Yade ou Rachida Dati ont été retenues pour leur expérience politique ? A une époque où dominent les critères de la parité et de la diversité, cette promotion constituait un simple affichage. Le nouveau pouvoir, hélas, a suivi le même chemin.

Finalement, la parité n'est-elle pas, malgré elle, l'ennemie de la différence ?

Le principe de parité a aussi ceci de négatif qu'il conduit à nier des différences réelles et donne l'illusion que quelques femmes en lumière sont l'exemple à suivre par toutes les femmes. Or nombre d'entre elles ne sont pas prêtes à tout sacrifier à la politique.

La culture et la tradition françaises cherchent à marier le féminisme et la féminité, et non à combattre celle-ci par celui-là comme le font certains courants américains. Elles font de la mixité l'un des piliers de la société et du vivre-ensemble ; même lorsque la France était inégalitaire et patriarcale, les femmes étaient présentes, sortaient, étaient érudites, exerçaient un rôle, bref elles existaient, et cela essaimait dans toutes les sphères de la société. Or aujourd'hui, au nom de la liberté religieuse, d'aucuns voudraient imposer jusque dans la sphère privée un régime de coexistence des sexes fondé sur la séparation ? Claude Askolovitch, dans Nos mal-aimés (Grasset), cet essai plein d'empathie pour « les musulmans dont la France ne veut pas », le concède lui-même : ses amis salafistes lui interdisent de rencontrer leur épouse… La France doit tenir bon et ne rien céder qui puisse affecter sa tradition de mixité.

Les femmes sont l'objet d'un des 19 critères officiels de discrimination en France. La lutte contre les discriminations questionne la problématique, fondamentale, de la différence, et aborde le péril que font porter la tentation de l'indifférenciation et celle du nivellement des différences. Comment peut-on s'employer tout à la fois à la reconnaître et à la dissoudre dans la collectivité, à l'honorer et à la banaliser ? Comment doit-on ne plus voir la différence qui contrarie, divise, apeure, et regarder la seule différence qui ouvre, enrichit, et fait aimer ?

Comme l'a bien décrit Hannah Arendt, la création d'hommes et de femmes constitue la naissance même de l'idée de pluralité humaine. Laquelle est donc fondée sur cette différence. Sinon, nous ne sommes plus dans l'espace de la pluralité mais dans celui de l'interchangeabilité, de la substituabilité de tous à tous. Ce qui, bien sûr, n'est pas souhaitable.

Le principe de non-discrimination a de pervers qu'il exhorte à refuser toute prééminence en Europe même de la civilisation européenne. Puisque toutes les cultures doivent être traitées à égalité, si reconnaissance il doit y avoir, affirme l'Union européenne, elle doit honorer chaque camp. Ce qui signifie pour l'Europe de se soumettre à ses valeurs de tolérance et de respect, et ainsi, au nom de la lutte contre les discriminations, à retirer peu à peu ses fondamentaux civilisationnels au profit de l'identité étrangère et minoritaire.

C'est ce principe que Najat Vallaud-Belkacem a d'ailleurs invoqué pour justifier le rapport sur l'intégration remis au Premier ministre le 13 novembre 2013 et qui a suscité la stupeur. Stupeur et même révolte, car il considérait le français non pas comme la langue du pays mais comme la langue dominante dans un pays plurilingue. En vertu du principe de non-discrimination, la France fait le choix de s'effacer.

Alain Finkielkraut mains

La manière de concevoir la cohésion d'une société, le vivre-ensemble, et donc l'identité commune n'est pas disjointe de celle dont la société considère la fragilité et la vulnérabilité. Ces dernières sont violentées, jusqu'à mettre en cause le rôle de l'Etat, jugé coupable d'assistanat…

Qu'est-ce qui est vulnérable ? Qu'est-ce qui est menacé ? En premier lieu, le passé et les morts, car on peut en faire ce que l'on veut : les négliger, les salir, les oublier, travestir ou instrumentaliser leur pensée… Nous avons une grande responsabilité à leur égard. Quant aux « vivants », les pouvoirs publics français et européens ont inventé pour eux l'État social. Une extraordinaire création, qui pour l'heure résiste aux assauts ou aux soubresauts de la mondialisation. Avec le RMI, le RSA ou la CMU, son édifice a même été renforcé au fil des ans. Qu'il s'agisse d'éducation ou de soins, il bénéficie à tous.Y compris aux sans-domicile-fixe, auxquels toit, nourriture et réconfort sont assurés, aux enfants d'immigrés clandestins qui sont scolarisés. Tout cela atteste que notre société n'est ni inhumaine ni indifférente, et elle a même pour obsession de ne laisser personne sur le bord du chemin.

Pendant longtemps, ce sont sur des ennemis communs que se sont agrégées les grandes idéologies collectives. Le cléricalisme, l'injustice ou le prolétarisme à gauche, la barbarie de la Seconde Guerre mondiale en Europe, le communisme à droite. Aujourd'hui, de gauche à droite, il n'existe plus d'ennemis visibles sur lesquels rassembler un camp et diviser le peuple. Ces cibles sont désormais diffuses, disséminées, insaisissables. Et ainsi les convictions collectives s'effritent pour laisser place à ce qui est devenu l'essentiel : soi. Un soi volontiers en panne de sens puisqu'il ne peut plus se projeter dans une perspective ou un idéal commun... et un soi qui, vous le rappelez, est « une négation de l'humanité individuelle lorsqu'on perd de vue qu'il n'y a pas que soi en soi »…

Intrinsèquement, le soi n'est pas en panne de sens. Simplement domine une certaine idée de l'émancipation, ou plutôt ce que Hannah Arendt intitulait le ressentiment moderne contre le donné. On voudrait être en capacité, tel un aboutissement de la libération, de s'inventer soi-même, de ne rien devoir à personne, de procréer seul, comme une conjuration ou une négation de la finitude. Le succès stupéfiant des études de genre l'illustre, on voudrait nous faire croire qu'être homme ou femme n'est que question de codes ou de stéréotypes sociaux qui, une fois critiqués, doivent autoriser l'individu à se choisir lui-même, à être totalement ce qu'il veut être, c'est-à-dire de pure volonté. Voilà l'ultime - et bien peu séduisante - utopie des démocraties occidentales.

Le premier des creusets du vivre-ensemble est l'école républicaine. Celle-ci est en faillite, parce que la charpente que forment l'autorité, la civilité, la discipline vacille et même est attaquée par la suprématie de la vulgarité, des violences de toutes sortes, d'une considération renversée du respect, et de la mise en pièce de l'aidos, « cette réserve, cette modestie, cette pudeur qui naissent en nous de l'intériorisation du regard des autres », par la rupture du pacte de l'in-nocence, au nom duquel on renonce à sa liberté d'importuner, de nuire, d'attenter à la liberté d'autrui. L'origine de ce mal qui gangrène au-delà de l'école est multi-factorielle…

Partout il est clamé que les principes de l'école des IIIe et IVe Républiques ne sont plus à la hauteur des enjeux de notre époque. Laquelle est celle de la démocratie, donc de la diversité, de l'ouverture de l'enseignement à tous, d'un changement radical du public scolaire, tout cela en riposte à une certaine élite sociale. Or que constate-t-on ? Notamment que la reconnaissance du système éducatif français au sein du fameux classement PISA ne cesse pas de s'écrouler - en 2013, il oscille, selon les critères, du 18e au 25e rang. En 1989, Christian Baudelot et Roger Establet publiaient un recueil au titre triomphant, Le niveau monte (Seuil), et s'y moquaient des pleureuses réactionnaires. Comme la plupart des enquêtes sociologiques, il dissimulait une vérité qui aujourd'hui éclate aux yeux de tous : enseignants, parents, observateurs…

Les dernières générations subissent notamment les conséquences dramatiques de l'abandon de la méthode de lecture dite syllabique, grâce à laquelle des millions d'enfants furent alphabétisés. Aujourd'hui, même au sein des plus grandes écoles, les élèves ont de sérieux problèmes d'orthographe. Or l'orthographe c'est bien plus que des mots : c'est se faire comprendre, c'est transmettre et recevoir une information ou une émotion, c'est établir une communication ou un lien, c'est aussi cultiver une analyse logique.

Dans l'enseignement primaire, la France a également fait le choix de réduire de presque de moitié les heures de français, et l'organisation de la semaine de quatre jours et demi a privilégié les activités périscolaires au détriment d'un renforcement des matières principales. La sélection a été effacée, le redoublement a été banni, et les examinateurs sont enjoints de relever arbitrairement les notes lors des épreuves. Résultat : au lieu de faire accéder 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat (objectif utopique), on a ramené le baccalauréat au niveau de 80 % d'une classe d'âge.

Même l'objectif de juguler les inégalités a avorté. Ce même classement PISA démontre un fossé de plus en plus abyssal entre « bons » et « mauvais » élèves, et l'incapacité du système éducatif à corriger les injustices sociales…

C'est en effet incroyable : n'est-ce pas au nom de la lutte contre ces inégalités et ces injustices, n'est-ce pas par sollicitude et mansuétude pour les élèves « décrochés » ou issus de quartiers défavorisés que le modèle français a engagé toutes les réformes qui se sont succédé ces dernières décennies et qui ont abouti à achever l'école républicaine ? Car en effet, qui échappe au désastre scolaire ? Toujours les mêmes : les plus favorisés, c'est-à-dire les enfants des classes riches ou d'enseignants.

Il est l'heure d'établir avec lucidité et objectivité le bilan de ces réformes. Il est temps de reconnaître que l'égalitarisme a conduit directement à l'aggravation des inégalités. Il est temps de rétablir, en riposte à ce délétère égalitarisme, les vertus de l'élitisme républicain. Il est temps de comprendre ce qui singularise les pays dont les systèmes éducatifs sont performants. Qu'ont-ils en commun ? D'avoir sanctuarisé la mémoire, conservé l'apprentissage du par-cœur, cultivé des méthodes qui avaient fait leurs preuves, maintenu une charge substantielle de travail, et préservé une sélectivité élevée.

L'ancien régime familial exigeait des enfants « qu'ils se regardent comme un parmi d'autres » (Marcel Gauchet), l'actuel régime veut qu'ils soient « épanouis ». De même, vous estimez qu'il ne revient pas à l'enceinte scolaire d'être à l'image de la société et qu'elle doit délimiter un espace irréductible. Mais l'école ne peut pas non plus être imperméable à la composition sociologique et et à l'évolution comportementale de la société qui interrogent le corpus pédagogique voire la vocation de l'enseignement. Bref, toute situation n'est pas duale, manichéenne, inconciliable, et il doit y avoir la place, au sein de ces rapports de forces, pour une posture équilibrée. Est-ce un recul « s'il n'existe plus de blessure du moi qui ne crie justice et demande réparation », « si la société démocratique aspire à exiger la reconnaissance de tous par tous », « si l'estime de soi-même » s'est imposée ?

Tout est question de pédagogie. Et de capacité ou de volonté des parents d'être eux-mêmes contributeurs du processus. Le rétablissement de l'école républicaine est conditionné à une mobilisation des esprits, et c'est d'ailleurs tout particulièrement dans cette mission que l'absence de « grands hommes politiques » à même de combattre avec courage le discours démagogique, de lutter contre les forces doctrinaires et conservatrices les plus hostiles, et de mettre en forme des ambitions et des exigences d'intérêt général supérieur, fait le plus cruellement défaut. Chaque ministre de l'Education nationale est en le symbole.

Sur quelles fondations estimez-vous possible de déterminer l'espace d'un nouvel idéal, d'une espérance de « société humaine » fraternelle et solidaire mais aussi respectueuse de ce qui fait « individu », d'un « changement du monde » qui n'est jamais autant qu'aujourd'hui apparu improbable ?

Fraternelle et solidaire… Peut-être ne faut-il pas trop en demander ! La solidarité existe par le truchement des impôts dont nous nous acquittons. Elle s'exerce malgré tout ce qui l'agresse - et j'y inclus la contribution obligatoire excessive à laquelle les plus riches sont soumis -, et souvent de manière anonyme que l'immensité des espaces dans lesquels nous vivons désormais ne permet pas de saisir. Une société peut-elle être fraternelle ? Je l'ignore. Les individus ne doivent pas oublier l'exigence de fraternité, c'est-à-dire le souci du prochain, l'inquiétude pour le prochain. Mais cette préoccupation relève davantage d'une morale personnelle que d'un programme sociétal.

Pour définir l'Europe moderne, le sociologue allemand Norbert Elias faisait référence à un « processus de civilisation ». Il est probable que nous sommes entrés désormais dans un « processus de décivilisation », dont la multiplication des incivilités en tous genres et en tous lieux de la société est une manifestation. Aujourd'hui, il faut songer et travailler à sauver la civilisation. Non pas par la recherche de nouvelles fondations pour un nouveau paradigme, mais simplement, comme y appelait Albert Camus, en empêchant que le monde ne se défasse et en réparant, en revitalisant, et en redimensionnant lesdites fondations.

Qu'est-ce qu'une identité heureuse ? Est-ce celle qui honore la pensée d'Emmanuel Levinas : « La France est une nation à laquelle on peut s'attacher par le cœur et par l'esprit aussi fortement que par les racines » ?

Une identité heureuse, peut-être n'est-il pas possible de la dessiner. Le bonheur peut-il être autre chose qu'une aspiration, un idéal ou une chance ? Seul, on n'est pas heureux, et les rencontres que l'on construit ne dépendent pas seulement de nous. Encore faut-il, pour aspirer à ce qu'elle devienne heureuse, ne pas avoir honte de son identité. C'est ce que je déplore en France et en Europe.

Je ne souscris pas à l'invitation, si souvent proclamée, à être « fier d'être français ». L'identité n'est pas un attribut ou une propriété, elle est plutôt une injonction, une forme de « noblesse oblige » qui a déserté la plupart des individus contemporains. La France possède une littérature, une langue, un génie architectural, pictural ou musical qui forment un trésor. Il s'agit simplement d'en être conscient. Et de s'en montrer digne.

 

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Commentaires 46
à écrit le 01/01/2015 à 17:10
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Visiblement, à lire les commentaires, Alain Finkielkraut dérange les bien-pensants. Merci, Alain Finkielkraut !

à écrit le 30/07/2014 à 22:48
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Inutile de fermer le siècle, l'horizon est déjà assez fermé comme çà!

à écrit le 02/05/2014 à 9:42
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"Une "beurette" Garde des Sceaux… », assène-t-il. Et il continue : « De son côté, Najat Vallaud-Belkacem aurait-elle été choisie porte-parole du gouvernement si elle n'avait pas été originaire du Maroc ? Christiane Taubira elle-même a-t-elle été préf...

à écrit le 30/04/2014 à 7:31
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La question est de savoir pourquoi ce journaliste complaisant a écrit "Débat" au dessus de cet énième pompeux monologue de Fink? Finkielkraut déroule depuis trente ans le même argumentaire promotionnel en faveur de ces malheureuses élites qui sont be...

le 19/06/2014 à 17:48
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pour la tele,menteur,je vous voie regarder le foot

à écrit le 27/04/2014 à 9:00
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Merci à la qualité de l’interview et aux « réponses / questions » du philosophe qui ont le mérite de proposer des sujets essentiels de réflexion pour le citoyen français. Oui il y a de nombreuses citations, mais Finkelkraut est cohérent avec sa prop...

le 19/06/2014 à 17:51
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je suis fils de polonais et je remercie la France pour ce qu'elle m'a donnée

à écrit le 26/04/2014 à 19:59
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Est on intelligent lorsqu'on possède aussi peu d'humour?

le 28/04/2014 à 9:38
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Oui certainement lorsqu'il s'agit de donner des explications de fond sur des choses importantes d'ailleurs il ne doit pas manquer d'humour mais le réserve sans doute pour des occasions ou des sujets plus légers ce qui signe d'intelligence par définit...

à écrit le 26/04/2014 à 8:54
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Fink, on l'aime ou on le déteste mais il ne laisse personne indifférent. Il a au moins le courage de dénoncer les dérives de notre société dominée par la bien pensance et le mépris de nos élites vis à vis du peuple.

le 26/04/2014 à 8:59
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@ nanar +UN

le 26/04/2014 à 10:57
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Lui même faisant partie de cette élite et ayant manifesté bizarrement son amour de la France (voir plus bas...)

à écrit le 26/04/2014 à 7:38
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Dans Finkelkraut, il y a "Fin" de finesse. Bravo Monsieur l'Académicien pour cette leçon subtile!

le 26/04/2014 à 8:02
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Et quand il dit dans une interview "ce pays mérite notre haine", de quel pays parle ce fin monsieur d'après vous ?

le 26/04/2014 à 8:34
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Réponse : la France (interview quotidien Haaretz- novembre 2005) Voir Wikipédia/citations A Finkelkraut.

à écrit le 25/04/2014 à 21:25
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finkeulkroute l'immortel !

à écrit le 25/04/2014 à 19:00
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Il n'y a que quelques décennies, M. Finkielkraut aurait été livré à ses bourreaux par une police et un état français au motif que son "identité" juive était incompatible avec l' "identité française" de l'époque. La glorification de la nation et de l'...

le 26/04/2014 à 7:37
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En France il est impossible de débattre de quoi que ce soit sans qu'au bout de 3 phrases on ait droit à un rappel dézeurléplussombre de notre histoire et autres "nauséabonds" du point Godwin ...

à écrit le 25/04/2014 à 18:05
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Bravo Monsieur ! de toute évidence, les politiques n'aiment pas leur pays, à voir ce qu'ils concoctent pour lui ! et pour ses habitants....mais il est évident que les Français subissent, se résignent et ne se défendent plus.....Très triste

le 25/04/2014 à 18:34
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Vous devriez aller de temps en temps sur internet pour découvrir ce que ce monsieur raconte "off" sur la France. Vous tomberiez probablement de votre fauteuil ...

le 25/04/2014 à 21:00
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@maguy:+1

à écrit le 25/04/2014 à 17:04
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Je pense que sont des gens qui veulent imposer leurs manières d’être et surtout une manière de voir à cause de leurs désert culturel, que la mauvaise représentation d’eux même et c’est dans leurs inconscients, et c’est dû a l’héritage d’une hantise l...

le 25/04/2014 à 18:03
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Philosophie à "2 balles" "bourrée" de fautes d'orthographe ! ???????

le 20/06/2014 à 15:21
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et si les deux balles etaient pour vous,histoire de vous mettre du plomb dans la tete?

à écrit le 25/04/2014 à 16:57
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Alain dit: Faut avoir des couilles les gars !

à écrit le 25/04/2014 à 15:46
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"je pense donc je suis" et c'est ainsi que je me définis. Ce monsieur a raison dans de nombreux domaines ; dommage qu'il y ait autant d'ignorants dans ce pays ( je ne parle pas de l'instruction acquise mais de l'intelligence innée ), surtout lorsque ...

à écrit le 25/04/2014 à 15:44
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Bravo!

à écrit le 25/04/2014 à 15:39
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Sauf que le américane drim impose que nous vivions tous comme aux US... D'où les conflits actuels.

le 25/04/2014 à 16:54
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@yvan: l'America Dream a été ce qu'est aujourd'hui le Russian Dream des "Ukrainiens" pro-russes, c'est-à-dire un rêve d'émigration économique :-) Le plus fort cherche toujours à imposer ses lois au plus faible...qui recherche toujours à se rallier à ...

le 20/06/2014 à 15:24
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exact

à écrit le 25/04/2014 à 14:17
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Finkielkraut acteur de l'économie ? Là, j'ai du mal à comprendre...

le 25/04/2014 à 15:56
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Il y répond par une analyse de la pensée transcendantale chère à Kant par rapport à notre économie imposée par nos dirigeants et qui part en "déroute". Nous subissons au lieu d'agir.

à écrit le 25/04/2014 à 13:38
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Très bon article. Juste une remarque : dans la période coloniale, il faut distinguer les deux guerres d'indépendance et le reste. Cette période est abordée avec beaucoup d'a priori et d'ignorance, et mériterait plus de nuances. En particulier, o...

le 25/04/2014 à 22:27
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Comme vous dites la colonisation a été longue et a donc connu différentes époques. On s accorde à dire que les empires d Amérique du Sud avait sur bien des aspects de l avance sur nos sociétés européennes qui sortaient du moyen âge par exemple....

à écrit le 25/04/2014 à 13:12
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ce m est un penseur ARRIERRE ,L AVENIR est de s adtaptez au mondialisme le melange des populatioNs des cultures est des idees,? l enemie des hommes reste le capitalisme qui en veux toujours plus en jouant au monopolie mondial? ET l avenir des peup...

à écrit le 25/04/2014 à 13:05
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Ce qu'on peut déduire (hâtivement, comme toujours, mais on ne se refait pas) de ce déluge de paroles, c'est que Mr Finkielkraut est un homme du passé, qu'il crée plus de problèmes qu'il n'en résout, et qu'il a donc bien mérité sa place à l'Académie.

le 25/04/2014 à 16:24
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@Asimon: homme du passé ou pas, peu importe, il exprime une opinion avec laquelle on est pas obligé d'être d'accord, mais qui a le mérite d'apporter un autre point de vue :-)

le 26/04/2014 à 0:25
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>Patrickb Oui, et l'on peut aussi dire qu'il n'a pas d'oeuvres universitaires digne de son nom et que le peu qu'il a produit se résume finalement à une avalanche de citation plus ou moins bien digérées... Mine de rien, voilà un vrai symbole de ...

à écrit le 25/04/2014 à 12:36
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La seule manière de s'unir c'est d'avoir "un ennemie commun", a condition que cela ne soit pas une création faites de toute pièce comme:" La lutte contre le "terrorisme mondial" ".

à écrit le 25/04/2014 à 11:35
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La France est une et indivisible, ceux qui se disent français doivent respecter ses régles de vie, obéir à nos lois, et n'avoir qu'un seul drapeau. Tous ceux qui revendiquent un autre statut n'ont plus rien à voir avec la France et doivent quitter no...

le 25/04/2014 à 11:55
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la France on l'aime ou on la quitte. Je parle comme vous ! Un seul drapeau une seule patrie.

le 25/04/2014 à 11:56
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Fier d être francais !

le 25/04/2014 à 22:23
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Français de souche, je connais pas. On est français ou pas. Question: mes enfants sont assez purs pour vous dans la mesure ou ma mère est lorraine, donc un brin germanique, et comble de l horreur, pour vous, ma femme à moitié portugaise ou on fait no...

le 26/04/2014 à 5:32
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non les jeunes se barrent car ils voient que la société devient invivable et de plus en plus tiers mondisée

le 26/04/2014 à 9:06
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vous parlez de la nationalité de gens de votre famille qui étaient de nature et de religion (ou pas) semblable à la notre, et en gros dont les caractères étaient respectueux ou du moins accessibles aux façons de vivre du pays dans lequel ils s'intègr...

le 26/04/2014 à 11:39
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Déjà le concept de "de souche" est une invention de qui vous savez pour monter les français les uns contre les autres. En plus il se pose là "Finkie" comme " de souche"...

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