Economie : le talon d’Achille de Michel Havard

Le candidat UMP à la mairie de Lyon porte-t-il une vision économique de l'agglomération ? Le doute domine.
Denis Lafay, directeur de la publication d'Acteurs de l'économie. ©Laurent Cerino/Acteurs de l'économie (Crédits : Laurent Cerino/Acteurs de l'Economie)

 On mettra sa passable prestation sur le coup de l'usure de la campagne, et d'une répétition d'interventions épuisante : à midi il débattait devant une cinquantaine de patrons réunis au Prisme et le soir devant les invités du Medef Lyon-Rhône. Lequel, le matin même, publiait un Livre blanc riche de 10 propositions sévèrement examinées, dans nos colonnes, par l'économiste Yves Crozet. Michel Havard, candidat UMP, était donc dans nos bureaux jeudi. Pour parler impôts - qu'il assure être capable de ne pas augmenter -, économies et rationalisation des dépenses - qu'il espère réaliser à grande échelle -, « small business act à la lyonnaise », incubation et crowdfunding (financement participatif), smart city et attractivité, gouvernance métropolitaine et management - il envisage Emmanuel Hamelin au rang d'adjoint au Développement économique.

 Résignation

 Les interrogations que l'approximation et parfois la fadeur de ses réponses à nos questions ont suscitées, méritent d'être interprétées. Peut-être est-il résigné devant l'issue d'un scrutin qui semble, à ce jour, lui être implacablement défavorable. Peut-être est-il simplement conscient que la voix du plus influent décideur est de même valeur comptable que celle du plus anonyme citoyen, et donc que ses priorités programmatiques doivent être portées sur d'autres thèmes. Peut-être se sait-il impuissant devant la popularité de son adversaire au sein d'un aréopage patronal séduit par son discours et son style, rassuré par son habile posture sécessionniste d'avec le gouvernement socialiste, et globalement plutôt satisfait de ses deux mandats en matière de développement économique. Peut-être est-il convaincu que construire ledit développement exige bien d'autres initiatives que l'édification des seules infrastructures, c'est-à-dire un travail lent et en profondeur, besogneux et aux effets lointains, in fine peu visible et donc électoralement peu utile.

 Candeur

 En dépit d'effets d'annonce qui parfois s'apparentent à une certaine candeur - comme son engagement, sans argument fiable, à attirer des sièges sociaux dans une agglomération qui les voit inéluctablement s'évanouir les uns après les autres depuis vingt ans -, peut-être est-il, au fond de lui, lucide sur la faible influence que la gouvernance municipale exerce réellement sur la stratégie des entreprises. Peut-être veut-il se persuader de rêves, certains inaccessibles comme lorsqu'il affirme pouvoir imposer de « travailler ensemble » à ceux-là mêmes - dirigeants de chambres consulaires, de syndicats patronaux, d'institutions politiques, d'établissements mixtes, de grandes écoles et d'universités - qui depuis de si longues années s'étripent au nom de rivalités au mieux de compétences ou de stratégies, au pire d'individus. Peut-être, enfin, est-il si compliqué pour quelque candidat que ce soit de dessiner une perspective homogène et crédible, ambitieuse mais réaliste, qui ne soit ni décousue ni morcelée. Peut-être, peut-être... Et une certitude : l'affable Michel Havard ne manque ni d'idées ni de compétences, mais s'il est élu, il le devra en premier lieu à d'autres arguments que sa vision économique du territoire.  

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Commentaire 1
à écrit le 08/03/2014 à 20:57
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Socialiste depuis toujours (1923) je souhoiterais que Monseieur Coulomb ( l actuel Maire) soit reelu , contre le candidat de L¨U.M.P (Despuis Alicante Espagne ) Antoine Fuentes oncle de Ronald Sannino

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